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Un prix Nobel de la paix au CRM
Dr Denis Mukwege, l’homme qui répare les femmes…
Depuis plus de vingt cinq ans, le gynécologue Denis Mukwege, prix Nobel de la paix (2018), soigne des victimes de sévices sexuels en République démocratique du Congo (RDC). Mais avant d’être le lauréat de nombreuses récompenses, le Dr Mukwege mène un combat sans relâche contre les atrocités commises lors des conflits dans son pays. Dans son hôpital de Bukavu, plus de 85 000 femmes violées et utilisées comme arme de guerre ont été soignées depuis 1999.
Son histoire
Ce médecin gynécologue est né le 1er mars 1955 à Bukavu, dans ce qui était encore le Congo belge avant de devenir la République démocratique du Congo (RDC).
Troisième d’une famille de onze enfants, il a été très tôt inspiré par son père, pasteur pentecôtiste dévoué aux autres, qu’il accompagnait très jeune dans ses visites aux malades. « Ma carrière de médecin vient de cette affinité, de cette amitié avec mon père. » Après des études au Burundi voisin, il rentre au pays en 1983 pour exercer à l’hôpital de Lemera, sur les hauts plateaux du Sud-Kivu.
Il souhaite alors être pédiatre, mais devant les souffrances des femmes, qui, faute de soins, décèdent en accouchant ou sont victimes de graves lésions génitales, il décide de devenir gynécologue afin de lutter contre la mortalité maternelle et « conserver le contact avec les enfants ». C’est à Angers qu’il fait sa spécialité en gynécologie-obstétrique avant de repartir à Lemera en 1989. La guerre l’y rattrape en 1996, son hôpital est dévasté, plusieurs de ses malades et infirmiers sont assassinés.
Il se réfugie temporairement au Kenya avant de revenir au Congo, où il fonde, grâce à l’aide d’un organisme caritatif suédois, l’hôpital Panzi. C’est là, dans ce qu’il pensait être avant tout une maternité et « un lieu de paix », qu’il est confronté en 1999 à sa première victime de viol collectif, et que, débordé par ce qui se révèle être « une ahurissante et atroce épidémie », il transforme Panzi en centre spécialisé dans l’accueil des victimes de viols.
Car les « réparer », les soigner, les opérer ne peut suffire. Les femmes, traumatisées, fréquemment chassées de leur famille ou de leurs villages pillés ou brûlés, ne savent où aller. Le Dr Mukwege adopte une démarche globale : chirurgie, soutien psychologique, conseils juridiques (pour porter plainte), formation professionnelle pour devenir autonomes, prise en charge des enfants…
Le lieu est désormais immense, soutenu par de nombreux parrains et militants bienveillants. Le docteur assure également sa relève en formant inlassablement de nombreux jeunes médecins à cette chirurgie si particulière dont il est devenu un expert. L’argent reçu par ses différentes distinctions lui a permis de décentraliser ses activités et de créer d’autres dispensaires, centres de santés et cliniques mobiles dans le reste du Kivu.
Notre histoire
Le lien avec le Centre de Réadaptation de Mulhouse n’est pas forcément évident… Tout a commencé par la musique !
L’histoire débute en juillet 2021 lorsque la résidente d’Issenheim, Grâce Dakpogan, chanteuse professionnelle et le guitariste Georges Guy, sont invités à se produire sur la scène du CRM lors des animations estivales. Mais Grâce n’est pas seulement une chanteuse…
En effet, Grâce est aussi une militante engagée aux côtés du Dr Mukwege. Elle multiplie les conférences et les concerts en France, en Espagne et ailleurs pour soutenir les femmes congolaises violées et lever ainsi des fonds. Elle n’a jamais oublié sa rencontre avec cet humanitaire au service des femmes mutilées et véhicule cette noble cause : « J’élève la voix pour les sans voix. Pour le Dr Mukwege, la justice c’est l’affaire de tous et pas seulement de ses auteurs et de ceux qui détournent le regard ».
Tom Cardoso, Directeur Général du CRM, qui entend son message, souhaite agir concrètement et durablement. Il fait part de cette volonté à Grâce qui l’invite à assister à une conférence du Dr Mukwege à Bruxelles mais celui-ci a un empêchement de dernière minute et annule son allocution.
Ce n’est que partie remise puisqu’un nouveau gala de charité où le Dr Mukwege sera présent aura lieu à Biarritz en octobre 2022 (Stand Speak Rise Up!, association fondée par Son Altesse Royale la Grande-Duchesse de Luxembourg). C’est à cette occasion que M. Cardoso rencontre le fameux prix Nobel de la Paix. Le contact et le lien sont enfin créés !
Suite à cette entrevue, une mission exploratoire est organisée en République démocratique du Congo à Bukavu. Grâce Dakpogan et Tom Cardoso s’y rendent en mars 2023 pour pénétrer dans l’univers tragique de la fondation et de l’hôpital Panzi.
Tom Cardoso a été frappé de découvrir l’hôpital et la fondation Panzi, qui réparent les femmes médicalement, psychologiquement, mais aussi socialement et économiquement. «L’accompagnement est complet. Elles ont un suivi psychologique, et on les aide à se former pour qu’elles apprennent un métier, pour qu’elles deviennent autonomes et puissent nourrir leur famille.»
Il est également marqué par la résilience de ces femmes. «Elles ne se plaignent pas, elles sourient. Je suis revenu avec les sourires de ces femmes malgré l’énorme souffrance qu’elles traversent».
Les deux Alsaciens vont faire ce qu’ils peuvent, à leur niveau, pour soutenir la fondation. Après avoir rencontré les survivantes, difficile de ne pas penser à elles et aux besoins des équipes de l’hôpital de Panzi.
De retour en France, un conteneur de matériel médical, mais surtout bureautique et mobilier sera expédié à Bukavu par le CRM. De son côté, Grâce Dakpogan continue de donner des concerts humanitaires en Alsace avec son association A l’air libre, pour rassembler des fonds.
En janvier 2024, c’est au tour de quatre collaborateurs de la fondation Panzi de se déplacer en Alsace et d’intégrer le CRM afin de bénéficier de formations pertinentes : gestion des réseaux informatiques et télécoms, ressources humaines et fiscalité. Egide, Merveille, Patrick et Espoir repartiront en mars avec des compétences supplémentaires mais surtout avec des étoiles pleins les yeux… Ils ont été très impressionnés par la richesse professionnelle du centre et la bienveillance du personnel.
Quelques semaines plus tard, Tom Cardoso reçoit, soudainement, un message de la part du Dr Mukwege : de retour au pays, les quatre stagiaires congolais ont encensé le CRM. L’humaniste souhaite, à son tour, découvrir le fameux Centre de Réadaptation de Mulhouse !
La visite
Recevoir un «prix Nobel» dans son établissement n’est pas une chose aisée… Il faut, avant toute chose, jongler avec le planning ministériel du Dr Mukwege et définir une date. Après des semaines de suspense, le «jour j» est enfin validé : ce sera le 11 juin 2024 !
L’arrivée du Dr Mukwege, ce mardi 11 juin, est prévue à 14h. Tout le monde est prévenu et sensibilisé à sa venue et surtout à son combat. Son documentaire, «L’homme qui répare les femmes. La colère d’Hippocrate.» a même été projeté la veille à l’auditorium.
C’est donc par une haie d’honneur composée des centaines de personnes émues et sous des applaudissements incessants que l’humaniste a été accueilli. Direction l’auditorium pour la présentation officielle du personnel impliqué. Après de nombreuses poignées de mains serrées, de sourires et de photos, la visite du centre peut commencer. Au programme, la tournée des différents services (rééducation, formation), la découverte des outils, des structures et la rencontre avec les professionnels passionnés.
Cette visite a permis de sceller les liens entre les deux institutions avec la signature d’une convention. Elle a également été l’occasion de remettre à la fondation Panzi un chèque de 20 000 € par des membres de l’ARFP. L’argent reste le nerf de la guerre…
«Ici, on ne réadapte pas seulement, ici, il y a un esprit. L’esprit de se dire que l’on voit l’autre comme soi-même. On travaille avec amour. On le soutient et moi, je le sens dans l’ambiance. J’ai senti cette interaction avec le personnel formidable, l’accueil chaleureux», raconte le Dr Mukwege à la suite de sa visite.
La journée ne s’arrête pas là… Une rencontre publique est prévue à l’amphithéâtre de l’UHA où 450 personnes sont venues écouter avec effroi et compassion les paroles du médecin qui nous livre le témoignage des traumatismes psychologiques et physiques de ces femmes violées. L’assemblée en reste coite… La conférence s’achève encore une fois sous des applaudissements après la lecture d’un poème très touchant ainsi que la remise d’un prix de la part de m2A, co-organisatrice de l’événement.
Il ne faut surtout pas oublier, qu’avant d’être le lauréat de prestigieux prix, le Denis Mukwege est un médecin-soldat qui mène une lutte sans merci dans son pays contre les actes déshumanisés des opposants. Sa cause et son combat restent d’actualité.
La venue du prix Nobel de la paix restera gravée dans les annales du CRM et dans tous les esprits, qui seront bousculés quelques temps encore après son départ… La rencontre avec un tel homme est d’une grande rareté au cours d’une vie.
Pour soutenir la Fondation Panzi : www.panzifoundation.org
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